Lors d'une rencontre organisée par Nile consultants, Serge Brichet, président de la Mutuelle Générale de l'Economie, des Finances et de l'Industrie (MGEFI), Jean-François Tripodi, directeur général de Carte Blanche Partenaires, et Olivier Nique, directeur des partenariats santé de ProBTP, étaient invités à s'exprimer sur l'objectif des réseaux de soins mis en place par les complémentaires santé. A la question « économie ou qualité ? », les trois hommes répondent par « maîtrise du reste à charge et accès aux soins facilité ».
Quelle ligne de conduite pour les réseaux de soins ?
« Les réseaux de santé des organismes complémentaires s'inscrivent à la fois dans un objectif de qualité et dans un objectif d'économie, car ils permettent de renforcer la maîtrise du reste à charge et l'accès aux soins », a commencé par expliquer Serge Brichet en rappelant que « la Cour des Comptes, l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), l'Inspection Générale des Finances (IGF), le Haut Conseil pour l'Avenir de l'Assurance Maladie (HCAAM) ont reconnu la nécessité de pouvoir disposer de réseaux pour faciliter l'accès aux soins, la maîtrise des tarifications et l'économie générale du système de santé ». De son côté, Olivier Nique a précisé que « ProBTP est venue aux réseaux de soins pour, d'une part améliorer l'accès aux soins des adhérents et limiter le renoncement aux soins pour des raisons financières et d'autre part, parce le régulateur naturel de l'optique, du dentaire et de l'audioprothèse qu'est le régime obligatoire a perdu son rôle du fait de ses faibles niveaux de remboursements. Notre objectif est de pouvoir offrir à nos adhérents un bon niveau de prestation centré sur la maîtrise du reste à charge et non sur la maîtrise de nos coûts », a-t-il souligné. Enfin, « notre objectif est de combattre la dissymétrie d'information entre le patient et le professionnel de santé, a ajouté Jean-François Tripodi. Les réseaux y participent activement par l'information et par l'accompagnement des assurés permettant ainsi un échange plus constructif ».
Grilles tarifaires et réseaux fermés
Interrogé par un opticien, Olivier Azoura, sur l'élaboration des grilles tarifaires en fonction de la localisation d'un point de vente et le libre choix du porteur de son professionnel de santé, Jean-François Tripodi a expliqué que Carte Blanche Partenaires « a commencé par référencer les fabricants et les distributeurs de verres. Les négociations qui se font entre l'opticien et le fournisseur n'ont pas de lien direct avec le lieu d'exercice, ce qui n'est pas le cas pour les dentistes par exemple ». Olivier Nique a, quant à lui, mis en avant « la marge dont dispose ici (en France, nldr) le professionnel de santé », qui « semble suffisante ». A contrario, Serge Brichet a dit croire « à la régionalisation des prestations pour maîtriser le reste à charge. Concernant la liberté de l'adhérent, il peut tout à fait choisir son professionnel de santé, y compris l'opticien. Nous lui donnons la possibilité en amont de comparer les tarifs pratiqués », a-t-il conclu.
Jean-François Tripodi a de son côté tenu à souligner, qu'avec Carte Blanche Partenaires qui est un réseau ouvert, « nous sommes déçus que pour les opticiens, le Sénat permette le recours aux réseaux fermés. Cela représente pour nous une baisse de l'accès aux soins du fait du manque de proximité et du manque de taux d'utilisation ». Selon lui, « les réseaux ouverts permettent un taux d'utilisation très important, de l'ordre de 80 à 90% contre 20 à 40% ».
Régulation des plateformes de santé et de leurs réseaux
Face à la multiplication des réseaux de soins, les professionnels de santé vont devoir gérer de nombreux et différents interlocuteurs. « Si les complémentaires santé veulent voir une amélioration de leur efficacité, ne croyez-vous pas qu'il faille des négociations au niveau de l'Union nationale des organismes complémentaires d'Assurance maladie (Unocam) ? », a questionné Luis Godinho, président du Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf). En tant qu'utilisateur, Serge Brichet a dit partager cet avis « lorsque vous dîtes que les plateformes et les réseaux sont trop nombreux et nous allons travailler à une régularisation ». Toutefois, pour Jean-François Tripodi, « tout le monde n'a pas conscience du coût réel d'une plateforme prenant en charge des réseaux, de la communication et de l'information en santé et de la prévention. Ce coût moyen est compris entre 1,30 et 2€ par an et par adhérent. Nous n'apportons donc pas une augmentation du coût de gestion si importante pour les complémentaires. De plus, si les institutions de prévoyance sont en train de se regrouper et, les mutuelles et les assureurs l'ont fait, il est encore trop tôt pour les plateformes car nous sommes encore dans la phase où chacun fait évoluer différemment son offre ». Au niveau de la multiplication des actes administratifs, il plaide cependant pour « une standardisation des logiciels informatiques permettant un automatisme total des actes de gestion entre professionnels de santé et plateforme ».
*Lire notre news : Réseaux de soins: la PPL Le Roux en seconde lecture à l'Assemblée nationale le 16 décembre (26/11/2013)
Voir notre débat sur le Silmo 2013 : En quoi la PPL Le Roux va changer la prise en charge du patient ?