Après une période difficile, Safilo a enregistré +6% de CA en 2011 et + 1,7% au premier semestre 2012. Les choses bougent pour le lunetier italien : acquisition de Polaroïd Eyewear, perte de la licence Armani... Roberto Vedovotto, directeur général du groupe, revient en exclusivité sur l'actualité du groupe et ses choix stratégiques.
Acuité : Peut-on dire que Safilo renoue avec la croissance ?
Robert Vedovotto : Nos résultats 2011 ont été positifs tout au long de l'année, avec un rôle moteur de l'Asie et de l'Amérique. Nos licences Gucci et Dior ont obtenu des résultats significatifs, sur les marchés émergents et sur les marchés « matures ». Pour 2012, les résultats sont conformes aux attentes, en termes de ventes et de performance opérationnelle. Des actions stratégiques ont été mises en place : le déploiement mondial de Carrera, le lancement des nouvelles collections Celine et l'acquisition de Polaroid Eyewear.
Acuité : quels sont les enjeux de l'acquisition de Polaroïd Eyewear ?
Robert Vedovotto : Elle entre dans la stratégie de Safilo, qui consiste à construire un portefeuille fort de marques propres pour compléter notre portefeuille de licences. C'est l'opportunité d'élargir notre offre, en allant au-delà du secteur mode et en intégrant une expertise dans le domaine des verres, avec un bon rapport qualité-prix. En France, nous nous appuyons sur ADCL, avec qui Polaroid Eyewear a conclu un nouvel accord de distribution valable jusqu'en 2015.
Acuité : sur quelles autres marques allez-vous appuyer votre croissance ?
Robert Vedovotto : Avec Celine, nous ajoutons un nom convoité de la mode à notre portefeuille, et renforçons nos liens avec le Groupe LVMH. Nous sommes aussi très heureux du renouvellement anticipé de notre partenariat avec le Groupe Hugo Boss, qui court jusqu'à 2020. A son plein potentiel, le chiffre d'affaires des marques Hugo Boss en lunetterie dépassera les 100 millions d'euros.
Acuité : comment allez-vous gérer la chute de chiffre d'affaires due à la perte de la licence Armani ?
Robert Vedovotto : Les licences Armani ont généré 165 millions d'euros en 2010 et 125 millions d'euros sur les 9 premiers mois de 2011. Mais nous pourrons réaliser nos objectifs avec notre portefeuille actuel, le développement de nouvelles marques maison et la signature de nouvelles licences. Pour maintenir l'emploi et gérer au mieux les licenciements résultant du non renouvellement de la licence Armani, un Accord de Solidarité a été signé avec les syndicats. Basé sur le principe que le « Made in Italy » est une part fondamentale de l'ADN de Safilo, il prévoit sur 24 mois des programmes de formation, de requalification de la main d'oeuvre et des investissements sélectifs.
Acuité : Balenciaga, Diesel et Valentino cessent aussi leur partenariat avec Safilo. Comment vont s'articuler vos marques « maison » et marques sous licence ?
Robert Vedovotto : Safilo continuera de rationaliser son portefeuille de licences et se concentre sur les marques pertinentes. Pour les marques « maison », le groupe va tirer parti de ses atouts historiques, à savoir la conception de produits, la personnalisation des styles et des fonctionnalités. Le Groupe va se recentrer sur Carrera, avec une offre produits étoffée, des matériaux innovants et de vastes campagnes de publicité. Nous allons aussi pousser les marques Safilo et Smith, sans oublier Polaroid. Pour les licences, qui représentent 80 % du chiffre d'affaires, Safilo veut être leader sur les segments haut de gamme et sur le segment diffusion, avec un portefeuille de marques de grande qualité, rentables et offrant un fort potentiel de croissance.
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