Désormais disponible dans son intégralité, l'avis du Haut conseil pour l'avenir de l'Assurance maladie (HCAAM) précise les extraits publiés par Les Echos jeudi dernier et repris dans notre article du même jour (voir news en relation). Le HCAAM y décrit certains segments du marché des soins comme "profondément dérégulés". Aux côtés du dentaire et de l'audioprothèse, l'optique est jugé comme "le plus typique de ces marchés".
La responsabilité des organismes complémentaires d‘assurance maladie (OCAM) est pointée du doigt avec ses "libellés parfois inflationnistes et peu adaptés au besoin" et ses "surenchères dans les niveaux de prise en charge" qui ont, poursuit l'avis du Haut conseil, "facilité le dérèglement du marché". Dans un contexte qui "conduit les prestataires à aligner leur prix sur le niveau maximum de la prise en charge", le HCCAM s'inquiète de l'inégale diffusion de garanties complémentaires solides parmi la population.
Antireflet, verre aminci... "des besoins artificiellement exagérés"
Dans une note complémentaire de 80 pages, le Haut conseil juge que "les OCAM ont fait progresser leur offre sur la maîtrise du reste à charge". Parmi ces efforts, le HCAAM cite l'information des usagers, notamment sur "l'existence de besoins artificiellement exagérés, comme le traitement antireflet ou les options ‘verre aminci' ou ‘antirayures'". Mais, ajoute le HCAAM, cette information ne modifie que lentement les habitudes d'achat des assurés.
Autre levier mentionné, l'incitation financière qui prévoit de différencier la prise en charge en fonction du comportement des assurés, selon qu'ils aient recours aux professionnels du réseau ou qu'ils réduisent la fréquence des renouvellements. Le développement de nomenclature spécifique pour les verres correcteurs est encore cité par le HCAAM, qui estime que "s'il existe une volonté d'exercer une pression globale à la baisse des prix, la négociation des prix permet surtout de mieux les hiérarchiser en fonction des niveaux de correction."
Améliorer la productivité par une diminution des points de vente
En conclusion du chapitre consacré à l'optique, le HCAAM considère que "les baisses de prix sont encore modestes bien que des marges de manoeuvre existent." Parmi elles, une "amélioration du système de distribution" qui représenterait, poursuit la note, plus des ¾ du coût des lunettes. La suite mérite d'être citée in extenso. "Avec environ 4 équipements correctifs vendus par jour ouvré et par magasin en 2007, les coûts fixes pèsent sur un nombre faible de prestations. La productivité pourrait être améliorée par la diminution du nombre de points de ventes."
"Libérer ces marges de manoeuvre suppose qu'une pression s'exerce sur le marché. Cette pression va dépendre de la capacité des OCAM à s'organiser de manière à sélectionner les prestations présentant le meilleur rapport qualité/prix en assurant au professionnel un volume suffisamment important de ventes. A minima, cela suppose de développer de l'expertise chez les OCAM afin qu'ils s'assurent que les baisses de tarifs consentis ne traduisent pas une dégradation de la qualité mais des gains de productivité. Au dire de nombreux experts, les marges de manoeuvre libérées par la restructuration du marché et les gains de productivité pourraient conduire à une baisse des prix de 30%."