Les réseaux de soins étaient au coeur des sujets traités ce matin par l'émission « le 7/9 » de France Inter. Le député PS Richard Ferrand, co-auteur de la proposition de loi Le Roux visant à légaliser les remboursements différenciés pour les mutuelles, a fermement défendu le texte, en critiquant au passage les opticiens : « Ils pourraient arrêter leurs grandes campagnes publicitaires et pratiquer plutôt un prix raisonnable pour un équipement de qualité. L'optique répond à un besoin de santé, elle doit rester accessible », a-t-il argumenté. Thierry Beaudet, président du groupe MGEN, soutient cette justification : « On ne peut pas laisser nos adhérents seuls face à leur reste à charge. Ils payent davantage les vitrines des opticiens et leur surenchère commerciale que les lunettes ».
La Fnof tient tête
Par téléphone, Alain Gerbel, président de la Fnof (Fédération nationale des opticiens de France), a défendu la profession en rappelant que la proposition de loi met en péril les soins de proximité. Dans le peu de temps de parole qui lui a été accordé, il a rappelé que « les réseaux vont concentrer l'essentiel de l'offre dans les grandes agglomérations, ce qui va engendrer des problèmes d'accès aux soins ». Alain Gerbel a par ailleurs expliqué que, contrairement à certaines idées reçues, les lunettes en France ne sont pas plus chères qu'ailleurs en Europe : « il ne s'agit ni du même mix produit, ni de la même qualité. Et la TVA sur les équipements optiques est de 19,6% en France, ce qui n'est pas le cas dans les autres pays ».
« La Sécu pourrait dérembourser les cures thermales au profit de l'optique », estime le Pr. André Grimaldi
André Grimaldi, professeur d'endocrinologie à la Pitié Salpêtrière et auteur du « Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire », s'oppose lui aussi à cette proposition de loi qui acte à ses yeux un désengagement dramatique de la Sécurité sociale. « C'est ça qui ne va pas ! Elle rembourse des choses qu'elle ne devrait pas, comme les cures thermales ou les médicaments non génériques. Remboursons plutôt les soins utiles comme les audioprothèses et les lunettes ! Si on confie la santé aux assureurs, c'est la fin de la solidarité. Car, même mutualistes, ils sont pris dans une logique de concurrence ». Thierry Beaudet ne réfute pas ce constat et reconnaît que « les compromis successifs des Ocam tendent à sélectionner les populations et les risques ». Le président de la MGEN plaide en faveur d'un « grand débat pour réfléchir à un nouveau partenariat entre l'Assurance maladie et les mutuelles, et à un cadre de régulation, car ce laisser-faire équivaut à laisser se défaire la solidarité ». Le député Richard Ferrand reconnaît aussi que les prises en charge de l'Assurance maladie doivent s'améliorer, mais souligne que la proposition de loi « n'a pas l'ambition de réformer le système de protection sociale ». Son but est de faire reculer les renoncements aux soins « en attendant le Grand Soir de la résurrection de la Sécu ».
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